Petite histoire d'un étudiant salarié de la restauration sur Nice

Publié le par uec.nice.over-blog.com

Confession et expérience de R.B. étudiant à l'Université de Nice et commis de cuisine

 

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C'est l'histoire d'un mec qui maîtrise son outil de travail, et qui crée de la richesse. C'est même l'histoire d'une équipe de travailleurs. Chacun connaissant son métier, et son poste. Mais, malheureusement, c'est aussi l'histoire de deux patrons, qui ne connaissent pas le métier. Pire, de deux patrons, qui, loin d'être gestionnaires, ne sont que des financiers. Et c'est malheureusement devenu le problème de beaucoup de restaurants aujourd'hui.

    Ces deux associés, actionnaires de 51% des parts de l'affaire - qu'ils ont obtenus en frappant à la porte d'un entrepreneur en difficulté - ont réussi à faire coup double.


    Premièrement, alors qu'ils ont les capitaux nécessaires, ils ont préféré contracter un crédit exorbitant auprès d'une banque. Ils ne prennent donc même pas le risque de mettre en jeu directement leurs capitaux personnels. Comme toujours, les capitalistes ne prennent aucun risque. Le mythe du capitalisme entrepreneurial où le patron joue sa maison prend un serieux coup dans l'aile.
    Deuxièmement, ils vont désormais empocher des dividendes, fruit du seul travail des employés, sans réellement travailler. Ils vont faire de l'argent avec de l'argent. Alors que c'est le fruit du labeur de l'équipe qui va leur permettre de le faire.
    On a donc d'un coté, des salariés, qui, seuls, possèdent le savoir-faire nécessaire à faire fonctionner l'entreprise. Et de l'autre, des exploiteurs qui, ne possédant pas ce savoir-faire, et ne souhaitant pas l'acquérir, ont décidé de l'exploiter.

    Là où cette situation déjà insoutenable, devient totalement absurde, c'est lorsque les deux actionnaires, face à une baisse de l'activité de l'entreprise décide de payer d'abord les dividendes de la banque pour le crédit avant de payer leurs employés.

    Si elle ne sont pas aux mains de l’État, les banques n'entretiennent que des intérêts particuliers :

    Les deux associés sont tenus de rembourser leur dette donc décident de payer la banque avant de payer leurs employés.
Les employés en situations d'impayés se font bloquer leur compte et paient des agios supplémentaires dépassant de bien loin le coût réel des opérations engendrées.
Pendant ce temps là, les deux associés se paient sur le black qu'ils détournent du fisc, et la banque se gave sur les agios qu'elle prend aux salariés qui attendent leurs salaires.

    Le salarié est le seul à créer véritablement de la richesse. La banque et les associés ne restent que des parasites qui font de l'argent avec de l'argent. Ils ne produisent que du bruit, celui de la caisse enregistreuse, et de l'odeur, celui de l'argent. Sans naturellement travailler.
 

 

Le même scénario, généralisé, ayant mené à la crise financière que nous connaissons.

    Les libéraux qui avalisent cette manière bancaire de faire, mettent en place et consolident un système cohérent de sape sociale :
-  quand elle prennent sciemment la décision de bloquer les comptes débiteurs de manière à ce qu'on ne puisse pas les créditer.
 -  quand elles facturent sciemment des frais inexistants, si ce n'est le prix de la consommation électrique de l’ordinateur qui traite l'information.

-    quand elles prennent les opérations au débit à minuit et les opérations au crédit à midi pour prendre des frais de rejets supplémentaires.

 

    La vraie violence, aujourd'hui, c'est celle-ci, on nous bassine de méritocratie, et rien n'est fait pour récompenser le mérite... On ne rémunère que les parvenus... Et ce sont ces inégalités fabriquées, qui créent et instillent ce sentiment d'insécurité, qui empoisonnent la vie politique française.

    On admet généralement qu'en restauration, les ratios qu'ils faut atteindre sont de 3 pour 1. 1/3 pour la marchandises, 1/3 pour les salaires et 1/3 pour les bénéfices. Seulement voilà, dans l'entreprise qui nous sert d'exemple, les salaires (charges comprises) accumulés de 3 salariés ne représentent que 24 % du chiffre d'affaire. Où sont donc passés les 9% restant ? Dans leurs poches ! A la banque et aux actionnaires !

    Dans le même temps, les charges salariales représentent 20% du salaire des employés. Il serait donc moral, d'après les capitalistes, que l'on réduise encore et encore les charges patronales, alors même que la charge des cotisations salariales est plus de 3 fois supérieure. L'absurdité faite hommes...

      Hormis les sections des grands syndicats historiques, il n'existe pas de syndicats de travailleurs de la restauration alors qu'il y a plusieurs syndicats de patrons. Cette situation dramatique n'est pas anodine, la restauration recrute dans un milieu précaire, des personnes souvent déscolarisées assez tôt, et on entretient cet état de fait, pour continuer l'exploitation.

    A l'été 2009, le gouvernement Sarkozy proclamait vouloir combattre les irrégularités dans ce domaine. Rappelons que dans le même temps, il autorisait le passage, dans la convention collective, du calcul des salaires sur 35 heures, au lieu de 39 heures auparavant. Alors même, que la moyenne des heures effectuées en restauration avoisine les 50 heures, comprenant bien sur, 11h d'heures supplémentaires généralement impayées, pour le bien de la communauté, et sans aucune considération pour le bien être et la santé des individus. Et pour conclure, notons que cet état de fait, créée une situation juridique illégale, mais tolérée par l’Etat, et même encouragée, portant le taux horaire de rémunération en restauration bien en deçà des taux légaux.

 

R. B.

Etudiant à l'Université de Nice et commis de cuisine

Publié dans Nice

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